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Observatoire – Retour sur la conférence du 23 avril 2024 sur l’accès à la santé des personnes migrantes et le recours à l’interprétariat
Le mardi 23 avril dernier, l’Observatoire d’ISM Interprétariat organisait sa conférence nationale, sur le thème Accès à la santé des personnes migrantes et recours à l’interprétariat : politiques et pratiques pour mieux accueillir et mieux soigner.
Près de quinze ans après le premier colloque d’ISM dédié à l’interprétariat en santé, cet événement marquait un nouveau temps fort pour les réflexions et actions dans ce domaine. Il était l’occasion de mesurer collectivement les progrès réalisés depuis 2010, mais également l’ampleur de ce qui reste à construire pour garantir un accès effectif à l’interprétariat en santé.
Réuni.e.s aux Espaces Diderot (Paris 12e), plus de 250 participant.e.s, parmi lesquel.le.s professionnel.le.s de la santé, du travail social, interprètes ou membres d’associations, ont pu échanger avec la vingtaine d’intervenant.e.s présent.e.s. La programmation s’est attachée à croiser les regards d’acteurs divers pour dresser un état des lieux des enjeux de l’accès aux soins et à l’interprétariat pour les personnes migrantes et allophones.
Pour poser le cadre, la première table ronde était dédiée aux facteurs de vulnérabilité et aux obstacles aux soins qui touchent les personnes exilées en général. La difficulté des parcours d’exil ainsi que la situation de précarité économique et administrative en France sont parmi les facteurs qui fragilisent la santé physique et psychique des personnes migrantes. Or, les barrières à la jouissance au droit à la santé sont nombreuses, dans un contexte où les protections sociales au bénéfice des personnes exilées sont sans cesse remises en cause, à l’image de l’AME.
A ces obstacles s’ajoute la question centrale de la barrière de la langue, qui, en l’absence d’interprète, entrave non seulement les droits des patient.e.s à l’information et au consentement libre et éclairé, mais également la qualité des soins prodigués. La question de l’interprétariat comme droit était au centre de la deuxième table ronde. En effet, le recours à des interprètes professionnel.le.s est loin d’être systématique et reste inégal selon les structures et les territoires. Faute d’une reconnaissance accrue du métier, l’interprétariat souffre d’un cruel manque de moyens, alors même qu’il permet à terme une prise en charge moins coûteuse des patient.e.s. Le développement et la généralisation de dispositifs de financement spécifiques à l’interprétariat en santé sur tout le territoire constituent donc un enjeu clef aujourd’hui. Plusieurs pistes ont été avancées en ce sens par l’Inspection Générale de la Santé en 2018, et leur mise en place effective fait partie des chantiers de plaidoyer dans ce domaine.
La journée du 23 avril était d’ailleurs l’occasion pour ISM Interprétariat de présenter sa note d’observation et de positionnement Pour un accès effectif à l’interprétariat en santé, réalisée dans le cadre de la conférence, et à laquelle plusieurs des intervenant·es ont contribué. Appuyée sur l’expertise de nos interprètes et sur des recherches approfondies auprès de professionnel·les de santé et de chercheur·euses, elle formule des recommandations précises pour le droit à l’interprétariat en santé, déclinées aux niveaux national, régional et local.
De fait, ISM Interprétariat bénéficie d’une solide expertise sur ce sujet, qui repose largement sur l’expérience de nos interprètes, à qui il était essentiel de donner la parole lors de cette journée. C’était l’objet de la troisième table ronde, constituée de binômes soignant·es-interprètes, qui ont pu détailler les enjeux de leur pratique commune. Ces différents témoignages ont montré la diversité des pratiques d’interprétariat en santé et l’expertise qui lui est nécessaire : elle est garante du respect de règles déontologiques comme la confidentialité ou la neutralité, mais également de la précision de la traduction et de l’adoption d’une posture cohérente avec la démarche de soin.
La conférence s’est ensuite clôturée sur un dernier temps d’échanges dédié au partage de bonnes pratiques. Dans la médecine de ville, la santé mentale ou encore à l’hôpital, certaines structures s’emparent de la problématique de la barrière de la langue et développent, à l’échelle de leur région ou de leur organisation, des mécanismes de recours à l’interprétariat professionnel. Ces initiatives à saluer sont la preuve que l’exclusion linguistique n’est pas une fatalité : faire appel à un.e interprète permet d’inventer de nouvelles manières d’accueillir et de soigner, dans le respect des droits et des besoins spécifiques de chacun.e.
Pour compléter les interventions et aborder les questions d’interprétariat et d’exil sous un angle plus sensible, des moments artistiques ont également enrichi la journée. Elle s’est ouverte sur une lecture poétique bilingue, puis trois courts films écrits et réalisés en collaboration avec des salarié·es d’ISM Interprétariat ont été diffusés. Inspirés de situations réelles, ils donnaient à voir la réalité du travail d’interprète, « un métier au cœur de l’humain ».
L’intégralité des échanges du 23 avril 2024 est désormais disponible en rediffusion :
La dynamique lancée par cette conférence se poursuit à travers la mission de l’Observatoire, qui a à cœur de valoriser les contributions des intervenant.e.s et des participant.e.s dans ses futures travaux. Restez connecté·e !
Si vous souhaitez dores et déjà participer aux réflexions collectives amorcées par cette journée, nous vous invitons vivement à partager vous aussi vos bonnes pratiques à travers notre espace de contributions dédié : Recueil de bonnes pratiques – ISM Interprétariat.
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