L’interprétariat en santé
Peut-on soigner sans comprendre ?
Le Code de la santé publique définit l’interprétariat linguistique dans le domaine de la santé comme « la fonction d’interface, reposant sur des techniques de traduction orale, assurée entre les personnes qui ne maîtrisent pas ou imparfaitement la langue française et les professionnels intervenant dans leur parcours de santé ».
Recommandé par la Haute Autorité de Santé, le recours à l’interprétariat permet aux professionnels de santé d’établir une relation de confiance avec leurs patients et de comprendre avec finesse et nuances leurs maux, qu’ils soient physiques ou psychiques.
Pourquoi recourir à l’interprétariat en santé ?
En France, la barrière de la langue est l’une des principales raisons des situations de non-accès aux droits, de refus et de renoncements aux soins vécues par les personnes migrantes allophones.
Pour les patients qui ne maîtrisent pas ou mal le français, le recours à l’interprétariat professionnel est un levier de respect de leurs droits (droit à l’information, droit au consentement libre et éclairé, droit à la confidentialité et au secret des informations). Aux côtés des professionnels de santé, les interprètes permettent d’améliorer la qualité générale des soins et l’adhésion des patients au suivi médical.
Sans interprétariat, il y a des risques importants d’erreurs de diagnostics et d’appréciations de situations. Les examens médicaux et les soins seront inefficaces et entraineront des coûts financiers importants et sans utilité si le diagnostic, le traitement, le changement de protocole ne sont pas bien compris. La maladie peut alors s’aggraver, et les soins nécessaires également.
Pour un accès effectif à l’interprétariat en santé
A l’occasion de la conférence nationale « Accès à la santé des personnes migrantes et recours à l’interprétariat : politiques et pratiques pour mieux accueillir et mieux soigner », organisée le 23 avril 2024, ISM Interprétariat a publié une Note d’observation et de positionnement « Pour un accès effectif à l’interprétariat en santé ».
Inscrit dans les travaux du plaidoyer et de l’Observatoire de l’intégration et de l’accès aux droits des personnes migrantes de notre association, ce document vise à réaffirmer l’importance du recours effectif à l’interprétariat professionnel en santé, au travers de constats, d’analyses, partagés avec d’autres associations, et de recommandations concrètes de plaidoyer.
La note a été élaborée avec des contributions de plusieurs associations et partenaires et des témoignages d’interprètes professionnels, permettant de croiser les regards, les expertises, sur la base des réalités du terrain.
Parole de professionnels de santé
Aux côtés des professionnels de santé et des patients allophones : un métier particulier
Le métier d’interprète professionnel est un métier à part entière nécessitant des compétences linguistiques, culturelles, interculturelles, une connaissance des structures et de leurs différentes prérogatives, et une connaissance des procédures et des termes sur les thématiques de son intervention.
La pratique du métier est régie par des grands principes :
- Le respect du patient, de son autonomie et de son droit,
- La confidentialité,
- La neutralité,
- L’impartialité.
« Ça veut dire que je vais mourir ? » - Français/Arabe
Samira fait partie de ces interprètes professionnels qui, chaque jour, traduisent les mots de l’exil et lèvent les barrières linguistique et culturelle dans l’accès aux soins des personnes migrantes allophones en France. Ce film, inspiré d'une expérience réelle, illustre une situation d’interprétariat par téléphone en français/arabe, dans le cadre d’une annonce de diagnostic. Il témoigne de la réalité quotidienne du travail d'interprète, « un métier au cœur de l'humain ».
Parole d'interprètes professionnels
VRAI/FAUX sur le recours à l’interprétariat en santé
Pas besoin d’un interprète quand l’accompagnant familial peut traduire
FAUX : Contrairement à un interprète professionnel, l’accompagnant familial n’est pas formé à l’interprétariat, il n’a pas connaissance des termes techniques spécifiques au domaine de la santé, son intervention n’est pas encadrée par des principes de confidentialité, de secret professionnel et d’impartialité. Préférer le recours à un accompagnant familial pour assurer la fonction d’interprète fait peser une responsabilité sur cette personne. Le patient peut s’auto-censurer par gêne d’évoquer certains sujets de sa santé devant un membre de sa famille.
Un outil en ligne de traduction peut suffire pour se comprendre
FAUX : Seul un interprète professionnel est en mesure de faire passer les messages entre le professionnel de santé et le patient. Il peut apporter des éclairages culturels en cas de besoin et s’adapter au niveau de connaissances du patient, ce qui est impossible avec l’utilisation d’un outil en ligne de traduction.
L’interprète en santé ne se substitue ni au médecin ni au patient
VRAI : L’interprète professionnel exerce ses fonctions avec impartialité. Son interprétation est loyale envers les différents protagonistes. Il n’émet pas de jugement sur les idées, les croyances ou les choix exprimés par les personnes.