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Evénement – Intervention à la Journée régionale psycho oncologique d’OncoNormandie
OncoNormandie, réseau régional de cancérologie œuvrant pour l’amélioration de la prise en charge des patient.e.s atteint.e.s de cancer en Normandie, a organisé une Journée régionale psycho oncologique le 22 novembre 2024, dédiée aux vulnérabilités collectives et individuelles dans les parcours de soins en cancérologie.
Invitées à intervenir lors de la table ronde consacrée à l’allophonie et aux soins, Jeanne Chugunova, Interprète en ukrainien et en russe, et Laura Morel, Responsable de l’Observatoire et du plaidoyer, ont présenté le travail d’ISM Interprétariat, sur le terrain aux côtés des patient.e.s allophones et des soignant.e.s, et dans le champ de la sensibilisation et du plaidoyer, avec pour objectif de faire connaître le métier d’interprète en santé et le caractère pivotal de son recours dans l’accès aux soins.
A leurs côtés, sont intervenues Carine Segura-Djezzar, Oncologue et Coordinatrice médicale à l’Espace Patients & Proches du Centre François Baclesse, et Haddia Diarra, Psychologue Clinicienne et Directrice de l’association Terra Psy – Psychologues Sans Frontières.
La barrière de la langue dans un parcours de soins en cancérologie
La table ronde a débuté par le visionnage d’un film, inspiré d’une expérience réelle, réalisé par ISM Interprétariat, illustrant une situation d’interprétariat par téléphone en français/arabe dans le cadre d’une annonce de diagnostic. Le film est disponible sur notre chaîne YouTube en cliquant ICI.
Carine Segura-Djezzar a expliqué que le cancer est une maladie fréquente dans tous les pays du monde. Les parcours de soins des personnes malades sont longs, pluriprofessionnels, avec de nombreuses interventions, rendez-vous. Dans ces parcours, les détresses peuvent s’accumuler : symptômes physiques, problèmes familiaux, détresse psychologique, etc.
Le docteur Segura-Djezzar a présenté des vignettes cliniques pour témoigner des enjeux soulevés par l’accompagnement de patient.e.s ne maîtrisant pas la langue française. Elle a ainsi témoigné de la situation d’une patiente marocaine atteinte par un cancer du sein, et dont l’état de santé s’est dégradé. Le père de la patiente a été sollicité pour traduire lors des consultations médicales mais cette sollicitation a soulevé plusieurs questions éthiques : est-ce que la restitution des informations est complète et objective ? Quelle est la compréhension par la patiente de sa situation médicale ?
La langue et la culture des patient.e.s touché.e.s par le cancer : des leviers de compréhension et d’accompagnement psychologique
Terra Psy – Psychologues Sans Frontières, représentée par Haddia Diarra, est une association qui a pour objectif de faciliter le parcours de soin des populations vulnérables grâce à une adaptation des pratiques permettant de lever les freins médico-psycho-sociaux. L’association met notamment en place des actions de médiation interculturelle avec des interprètes pour des patient.e.s allophones.
La sémantique médicale, très souvent, ne parle pas aux patient.e.s. Dans certaines langues, cultures, le cancer ne se nomme pas, et quand il se nomme, cela revient à nommer la mort. Pour accompagner les patient.e.s, il est nécessaire de se décaler dans ses pratiques de soignant.e.s afin de créer une alliance thérapeutique. La langue maternelle, la culture des patient.e.s sont des facteurs de compréhension et d’accompagnement, mais il ne faut pas enfermer les patient.e.s dans leur culture.
Pour lever les barrières linguistico-culturelles, le recours à l’interprétariat professionnel en santé est une solution
Jeanne Chugunova a témoigné que les patient.e.s allophones accompagné.e.s sont des personnes vulnérables, souffrant de traumatismes liées à l’exil et à la guerre. A leurs côtés et auprès des soignant.e.s, l’interprète, par ses compétences professionnelles, son adaptabilité, permet un dialogue à trois équilibré : l’autonomie de chaque personne est garantie, les patient.e.s peuvent devenir acteur.rice.s de leurs parcours de soin, et ne pas seulement le subir. Jeanne est souvent sollicitée quand patient.e.s et soignant.e.s sont dans une situation de blocage, alors qu’un recours à l’interprétariat professionnel dès le début du parcours de soin change profondément la compréhension de ce parcours.
Sur la base de l’expérience associative et du travail de plaidoyer d’ISM Interprétariat, Laura Morel a expliqué que les pratiques de recours à l’interprétariat sont hétérogènes selon les structures de santé et insuffisantes au regard des besoins. Pour faire évoluer les politiques et les pratiques, et garantir un accès effectif à l’interprétariat en santé, des changements sont nécessaires, comme l’inscription dans le Code de la santé publique du caractère obligatoire du recours à l’interprétariat professionnel dans tous les actes de soins touchant à l’exercice des droits des patient.e.s, ou encore l’organisation de campagnes régionales de sensibilisation et de promotion sur les apports de l’interprétariat professionnel en santé et sur les dispositifs existants de recours.
Les constats, analyses et recommandations de notre association sont à retrouver dans la Note d’observation et de positionnement « Pour un accès effectif à l’interprétariat en santé », en cliquant ICI.
Nous remercions OncoNormandie et l’équipe d’organisation pour cette invitation !
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