18 décembre 2024

Journée internationale des personnes migrantes : accueillir les langues et les cultures pour une société plus juste et respectueuse des droits

Chaque année, le 18 décembre, Journée internationale des personnes migrantes, est l’occasion de réaffirmer l’importance de l’accès effectif aux droits fondamentaux de toutes les personnes migrantes, sans discrimination.

 

« Il faut que tu comprennes

Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau

A moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre-ferme »

Warsan Shire

 

A l’occasion de cette journée, notre association partage un projet collectif d’une lecture, à plusieurs voix, à plusieurs langues, du poème « Home » de la poétesse somalienne Warsan Shire. Ce texte poignant interpelle les esprits et les cœurs aux réalités, aux violences de l’exil. Avec une lecture en français, anglais, kinyarwanda, portugais et arabe de ce texte, nous apportons nos voix aux multiples messages de solidarité qui seront exprimés en cette journée.

 

Au cours des derniers mois, alors que de nouveaux conflits et crises humanitaires ont bouleversé plusieurs régions du monde, des débats politiques et médiatiques nationaux et européens sur l’immigration et l’asile ont révélé plusieurs lignes de fractures idéologiques.

Dans son rapport publié en juin 2024 en matière de déplacement forcé, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) s’alarme d’un nombre record de personnes déplacées de force à travers le monde : près de 120 millions en mai 2024.

Parmi les nouveaux conflits, celui au Soudan qui a éclaté en avril 2023 a provoqué l’une des plus importantes crises humanitaires et de déplacement forcé au monde : plus de 12 millions de personnes ont été déplacées de force depuis le début de la guerre.

En l’absence de voies sûres et légales de migration et en raison du renforcement des politiques de lutte contre l’immigration et de l’approche « forteresse » des pays de destination, en précisant que la grande majorité des déplacements forcés se font à l’intérieur des pays et dans les pays frontaliers et de la région, les routes migratoires se révèlent de plus en plus dangereuses et meurtrières. Selon l’Organisation des Nations Unies, 90% des femmes exilées qui traversent la Méditerranée sont violées.

Après avoir fait face aux difficultés – et parfois à l’horreur – du parcours d’exil, comprendre et être compris dans le pays d’accueil, c’est la première étape pour faire valoir ses droits, dans tous les domaines de la vie. La langue est alors un puissant levier d’intégration des personnes exilées.

Cependant, si elle reste impensée ou instrumentalisée à des fins de contrôle migratoire, elle peut constituer « une ultime frontière », comme cela a été exprimé à l’occasion de la conférence organisée le 2 décembre 2024 par Synergies migrations, l’Institut Convergences Migrations et la Fondation BNP Paribas, consacrée à la thématique « Langues et migrations : comment changer le regard ? De l’injonction d’intégration au dialogue des cultures ».

L’apprentissage de la langue française par les personnes exilées allophones se retrouve dans un cercle vicieux paradoxal : si les lois successives imposent le renforcement du niveau d’exigence de maîtrise du français pour l’accès à un titre de séjour, les moyens de formation linguistique restent insuffisants et revus à la baisse.

L’absence d’accès à la formation linguistique pour les personnes en demande d’asile, en parallèle de l’impossibilité pour elles de travailler, les fragilise d’autant plus et exacerbe leurs difficultés dans les démarches administratives, sociales, médicales, etc.

C’est pourquoi l’accueil des personnes exilées implique d’accueillir aussi les langues et les cultures. Le rôle de l’interprète professionnel.le est alors ici pivotal car son recours – contrairement aux idées reçues – n’empêche pas l’apprentissage de la langue française mais constitue bel et bien un levier d’intégration et d’accès aux droits.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire la tribune > « Les pouvoirs publics devraient envisager l’apprentissage du français comme un droit et non comme un devoir ».