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Evénement – Intervention à l’Ofpra : table ronde sur l’interprétariat dans la demande d’asile
Dans le cadre de sa deuxième édition « Perspectives Asile », l’Office de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a organisé le 9 novembre 2023 une table ronde consacrée à l’interprétariat dans la procédure de demande d’asile.
Pour croiser des regards complémentaires sur le sujet, sont intervenus lors de cette table ronde, animée par Julien BOUCHER, Directeur général de l’Ofpra : Guillaume LEFEBVRE, Chef de la division Afrique 2 de l’Ofpra, Elisabeth NAVARRO, Professeure en Sciences du Langage et Traduction, Aziz TABOURI, Directeur général d’ISM Interprétariat, et une interprète en géorgien intervenant à l’Ofpra et à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Sans interprétariat, pas d’activité à l’Ofpra
Le rôle de l’interprète est indispensable dans le déroulement de l’instruction de la demande d’asile. Consacré avec une force obligatoire par la loi dans le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), l’interprétariat à l’Ofpra est une garantie essentielle et fondamentale dans la procédure d’asile.
Guillaume LEFEBVRE a pu démontrer dans son intervention que ce rôle pivotal de l’interprétariat se traduit concrètement par plusieurs chiffres : à l’Ofpra, seulement 10% des vacations se déroulent en français, sans interprète. En 2022, le budget interprétariat de l’Ofpra représentait 11,5 millions d’euros, consacrés à la réalisation de 48 000 vacations dans 118 langues.
La programmation des interventions des interprètes à l’Ofpra, appelées « vacations » et fixées deux mois à l’avance, représente un enjeu organisationnel très important, avec plusieurs facteurs à considérer, dont les prévisions des demandes d’asile pour lesquelles il est nécessaire de décliner, dans chaque nationalité, les langues parlées par les personnes, ainsi que les disponibilités des officiers de protection et des interprètes.
Le regard d’ISM Interprétariat, partenaire de l’Ofpra
Au moment de la création de l’association, en 1970, et durant les premières années, les interprètes d’ISM Interprétariat intervenaient auprès de personnes arrivées en France dans le cadre de migrations pour le travail. Ensuite, au fur et à mesure des années, les besoins d’interprétariat se sont développés auprès des personnes arrivant en France en demandant l’asile. En témoignent quelques chiffres : à l’Ofpra, l’association a assuré environ 6 000 interventions d’interprètes en présentiel en 2013, contre près de 19 000 en 2022. A la CNDA, les interprètes d’ISM Interprétariat ont réalisé plus de 3 500 interventions en 2012, contre près de 14 000 en 2022.
Interpréter en matière d’asile va bien au-delà de la maitrise des langues. L’interprète se doit de maitriser des connaissances multiples (culture générale, procédure et implications juridiques, lexiques, contexte géopolitique), tout en assurant une écoute loyale, objective et complète des récits de l’asile.
L’accompagnement des interprètes est essentiel, sous l’angle de la formation et du soutien, pour eux qui reçoivent en premier les souffrances de l’exil, de la détresse et de la vulnérabilité. L’association propose ainsi à ses interprètes des groupes de paroles, l’assistance d’une psychologue, et des formations spécifiques à certaines langues et typologies de demandes d’asile, comme sur l’anglais d’Afrique.
Les enjeux de l’interprétariat dans la demande d’asile
Au-delà des affirmations des règles déontologiques qui encadrent la pratique du métier d’interprète dans l’asile, les réalités prouvent la nécessité d’une adaptation constante à chaque situation. L’interprète en géorgien intervenant dans la table ronde l’a rappelé : les interprètes ne sont pas juste des traducteurs, ils exercent un métier humain, marqué par les récits, les histoires qui peuvent faire écho aux leurs, les gestes, les émotions, les tonalités.
Même si la médiation n’apparait pas explicitement dans le rôle de l’interprète à l’Ofpra, pour Elisabeth NAVARRO, il existe plusieurs niveaux de médiation qui entrent en jeu, en commençant par l’effet de médiation engendré par la seule présence de l’interprète et ensuite par la médiation linguistique assuré par l’interprète, lorsqu’il adapte son discours et fournit des explications lexicales. L’enjeu serait alors d’assumer cette part de médiation, tout en lui posant des limites.
Le métier d’interprète est fait d’une richesse de compétences, de connaissances et d’expertises, qu’elles soient linguistiques ou culturelles. Afin d’approfondir la connaissance de toute cette richesse par les professionnels de l’asile, un autre enjeu tient à la sensibilisation des agents sur le rôle des interprètes, qui pourrait passer par des échanges de savoirs expérientiels entre les officiers de protection et les interprètes.
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