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Evènement – Débat sur les réalités de l’accès aux droits dans la demande d’asile en France, en collaboration avec la Fédération des acteurs de la solidarité et France terre d’asile

Pour conclure la journée de son Assemblée Générale annuelle 2023, l’association ISM Interprétariat a organisé le 22 juin 2023 un débat durant lequel sont intervenues, aux côtés d’Aziz TABOURI, Directeur général d’ISM Interprétariat, Madame Nathalie LATOUR, Directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité, et Madame Delphine ROUILLEAULT, Directrice générale de France terre d’asile, sur le thème suivant :
La demande d’asile en France : quelles réalités de l’accès aux droits ?
Jalonnée de plusieurs étapes, la demande d’asile en France concentre différents enjeux d’accès aux droits (services de base, procédure, hébergement, santé, etc.). La première barrière pour les personnes demandeuses d’asile est celle de la langue, et à laquelle se rajoutent diverses vulnérabilités et barrières (accès à l’information, accès aux services publics, dématérialisation, etc.). Pour sensibiliser à ces enjeux, il est essentiel d’assembler les voix associatives et solidaires, et de croiser des regards experts et complémentaires.
Forte d’une expertise de plus de 50 ans pour garantir en France le respect du droit d’asile, France terre d’asile, par la voix de sa Directrice générale, fait le constat que la réalité de la demande d’asile en France est bien différente des fantasmes et des contre-vérités diffusés dans l’univers médiatique. « Bien que les personnes aient des droits, l’exercice de ces droits est très limité », témoigne Delphine ROUILLEAULT en prenant les exemples du manque de places d’hébergement, avec un accompagnement social, pour les demandeurs d’asile, de leurs difficultés pour accéder au marché du travail en raison notamment de l’obligation d’obtention d’autorisations administratives, ou pour accéder à l’apprentissage du français. Même une fois la protection reconnue par la France, de nombreuses personnes réfugiées n’ont pas les moyens d’exercer leurs droits, résultat d’une défaillance dans leur intégration dans la société française.
Avec ses interprètes, ses traducteurs, ses écrivains publics, et ses juristes, ISM Interprétariat intervient chaque jour à travers la France, auprès des personnes exilées et de celles qui les accompagnent. Au fur et à mesure des années, les interventions des interprètes de l’association dans le domaine de l’asile n’ont cessé d’augmenter, devenant aujourd’hui le principal domaine de ses activités. « Dans la demande d’asile, les interprètes sont propulsés dans des tranches de vie et ils retranscrivent les maux, les blessures, les récits de persécutions et de violences, relevant souvent de l’indicible », témoigne le Directeur général, Aziz TABOURI. L’interprétariat en matière d’asile est étroitement lié aux évolutions des contextes géopolitiques dans le monde et aux conflits, et aussi très lié au contexte politique et législatif français. Malgré son caractère essentiel pour l’accès aux droits, le constat est celui d’une insuffisance juridique et dans les pratiques en matière de recours à des interprètes professionnels dans les différentes étapes de la demande d’asile.
Avec un regard multiple issu du regroupement de plus de 900 acteurs, associations et organismes, qui accueillent et accompagnent les personnes en situation de précarité dont des personnes exilées, la Fédération des acteurs de la solidarité, à travers la voix de sa Directrice générale, Nathalie LATOUR, rejoint les constats des entraves à un accès effectif aux droits. Ces constats s’appuient sur un important travail en réseau de remontées, d’objectivation d’informations du terrain, au plus près des personnes accompagnées et des travailleurs sociaux. Parmi les entraves à l’accès aux droits, Nathalie LATOUR dénonce le sans-abrisme de nombreux demandeurs d’asile, faute d’hébergement et de logement, et l’aggravation des difficultés d’accéder aux préfectures pour déposer une demande, pour récupérer des papiers, à cause du système de dématérialisation.
Face à ces constats, quelles actions et recommandations concrètes pour garantir l’effectivité de l’accès aux droits dans la demande d’asile en France ? Il est important d’agir à différents niveaux, et en partenariat, pour changer les représentations diffusées autour de la demande d’asile. Parmi les leviers d’actions possibles, celui du plaidoyer permet aux associations à la fois de décrire, d’incarner les réalités des personnes accompagnées au quotidien et de réaffirmer haut et fort l’importance de la dignité, de la solidarité et de l’accès aux droits. Les différentes politiques qui entourent l’accueil et l’intégration des personnes exilées doivent être articulées. Une réponse politique coordonnée et adaptée aux besoins des personnes est possible, comme en témoigne l’accueil des personnes ayant fui l’Ukraine.
Sur la question de la barrière de la langue et du recours à l’interprétariat, les interventions se rejoignent pour souligner son importance. Pour Nathalie LATOUR, « la place de l’interprétariat est absolument fondamentale dans la question de l’accès aux droits des personnes qui ne maitrisent pas la langue française ». Le recours à des interprètes dans la demande d’asile est un outil d’accès aux droits, d’accueil et d’intégration, qui permet de redonner une voix aux personnes exilées.
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