02 mai 2023

Observatoire – Retour sur le module #1 du Programme 3D : « Langue et accès aux droits, regards croisés sur l’accueil »

bannière article module 1 observatoire ISM Interprétariat

Lancé le 27 septembre 2022 par l’association, l’Observatoire de l’intégration et de l’accès aux droits des personnes migrantes s’organise autour de deux grands pôles : l’Académie et le Laboratoire. L’action phare de l’Académie est son Programme 3D « Dialogues, Droits et Diversité », un cycle de séminaires à visée professionnalisante, reposant sur une approche pluridisciplinaire, avec comme fil conducteur la linguistique et l’accès aux droits. Pensé comme un cycle de réflexion et d’échanges, le Programme 3D aborde les étapes qui jalonnent le parcours des personnes allophones en France, là où le besoin de comprendre et se faire comprendre est vital et détermine l’accès aux droits fondamentaux.

Le premier module de ce programme, intitulé « Langue et accès aux droits, regards croisés sur l’accueil » s’est tenu les 20 et 21 octobre 2022. Une trentaine de participantes et participants : personnes agissant dans le milieu associatif, dans les domaines de l’interprétariat et la traduction, agents des services publics et étudiants ont échangé sur l’accueil des personnes exilées, à travers les prismes linguistique et d’accès aux droits.

Les interventions

Oum El Banine Badri, juriste spécialisée en droit des étrangers, Responsable du service Info Migrants de notre association et formatrice sur ces thématiques, a débuté la journée en abordant l’interprétariat comme maillon essentiel de l’accueil et de l’accès aux droits. Elle a notamment rappelé qu’accès à l’interprétariat et apprentissage de la langue française ne peuvent être opposés, elle a également abordé l’évolution de la politique d’accueil et ses liens avec l’émergence et l’évolution de l’interprétariat en milieu médico-social, dont ISM Interprétariat est pionnière.

Lucie Feutrier-Cook, consultante en migrations, droit d’asile et action sociale, a poursuivi l’après-midi d’échanges en abordant les fondamentaux du droit à l’interprétariat en France. Sa faible reconnaissance, en miroir de la place laissée au métier d’interprète dans le secteur social et administratif et son caractère non-contraignant sauf lors des étapes décisives touchant aux libertés fondamentales.

La deuxième demi-journée a débuté avec l’intervention de Catherine Wihtol de Wenden, Directrice de recherche au CNRS, spécialiste des migrations internationales. Elle a évoqué les enjeux migratoires contemporains, les principales causes migratoires à l’échelle internationale et rappelé qu’en France, dans le cadre de la demande d’asile, l’accès à une formation linguistique suffisante est souvent négligé, et donc l’intégration entravée.

Rima Hassan, juriste en droit international, rapporteure à la Cour Nationale du Droit d’Asile et Présidente-Fondatrice de l’Observatoire des Camps de Réfugiés, a poursuivi les échanges sur le sujet de l’encampement : l’absence de données officielles sur les camps, le manque de transparence qui y règne et leur néfaste pérennisation. Elle a également abordé la place de la langue dans ceux-ci, tantôt mesure d’adaptabilité pour communiquer avec l’extérieur que moyen de communication avec le personnel humanitaire.

À travers ces deux journées d’échanges, nous avons donc pu étudier et échanger sur l’accès aux droits des personnes exilées, conditionné par des politiques d’accueil labiles et les pratiques langagières qui se mettent en place dans un contexte précaire d’arrivée dans un nouveau pays. Nous avons également eu un aperçu des évolutions du droit à l’interprétariat en France, de sa faible reconnaissance et des conséquences de la maigre place accordée à la langue dans l’accueil des personnes exilées.

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